Un nouveau groupe de rock baptisé Pipi Tornado ? C’est quoi ce nom ?
Pipi, enfin Pippi, c’est le prénom original suédois de Fifi Brindacier, devenue
une des premières icônes féministes. Tornado, c’est le cheval de Zorro. Voilà,
voilà. Comprenne qui pourra. Mais ça leur va bien, à ces quatre énergumènes
qui aiment s’amuser avec les mots, le look et la musique…
Le groupe s’est formé à Montpellier en septembre 2019, a donné un concert de
présentation au Jam, salle mythique de la ville, et… tout arrêté pour cause de
pandémie. Une période qu’il a mise à profit pour composer, répéter, travailler. Il
en ressort bourré d’énergie, avec 15 chansons originales. Aujourd’hui, il sort son
premier EP cinq titres, distribué par PIAS.
Mélodie (chant, mélodies, textes, guitare, claviers, mélodica) et Samuel
(batterie, composition, direction) se sont connus en jouant dans Vox, défunt
groupe montpelliérain qui a sorti un album en 2016 et s’est séparé en 2018.
Ensemble, ils créent Pipi Tornado, rejoints par Gom Pilote, véritable couteau suisse
de la guitare et personnage incontournable de la nouvelle scène rock/postpunk
montpelliéraine, et Lionel Puyal (basse), qui joue au sein de l’incroyable
collectif Lazy Sundaze monté par le célèbre batteur anglais Neil Conti (membre
de Prefab Sprout, puis musicien de studio ayant notamment joué avec David
Bowie), installé à Montpellier, qui réunit la crème des musiciens locaux, ainsi
que des Anglais invités, pour des jam sessions de très haut niveau, comme ça se
pratique fréquemment à Londres, mais beaucoup plus rarement par chez nous.
Autant dire que Pipi Tornado est une sorte de supergroupe montpelliérain.
Ses influences sont les plus diverses qui soient, et c’est rafraîchissant. Mélodie
cite Nina Hagen, Juliette Lewis, The Bellrays, At The Drive In, mais aussi The
Clash, The Sex Pistols, The Dickies (des punks californiens déconneurs, ses
préférés) et… les Backstreet Boys. Pourquoi pas ?
Le tout donne un mélange détonnant de guitares rock et de rythmiques élastiques
qui peut rappeler Funkadelic ou les Red Hot Chili Peppers. Mais avec au chant
une lionne déjantée, tout en crinière flamboyante et platform shoes, dotée d’une
voix incroyable de puissance et de justesse – une rareté en France.
En plus de son imparable maîtrise musicale, ou plutôt grâce à elle, la dinguerie
et la drôlerie sont une des caractéristiques principales de ce groupe éminemment
foutraque et sympathique, qui reprend sur scène un morceau de Vox, « I Don’t
Give A Shit », dont le titre semble être une vraie déclaration d’intention. Et
comme rien n’arrête les quatre compères, ils sont capables d’enchaîner avec une
cover du hit « Hocus Pocus », de Focus, groupe néerlandais progressif des
années 1970. Un morceau hallucinant, sans texte, mais avec du chant tyrolien.
Parfait pour Mélo : « J’ai appris à chanter en anglais, mais les textes, je m’en
fous un peu. » Avec Pipi Tornado, on n’est pas au bout de nos surprises…
Pour ce premier EP cinq titres, ils ont répété et enregistré les instrumentaux dans
le studio d’Eric Muller, puis les voix au Planet Gloria Studio de Loïs
Eichelbrenner. On y trouve un nouveau mix de « Spider », leur premier single,
où Mélo nous fait part de sa phobie des araignées ; « Pipi of the Apes », un
rendez-vous amoureux fantasmé avec un gorille enfermé au Zoo, inspiré par
Diane Fossey, sur lequel la chanteuse vocalise et roule les « R » en digne émule
de Nina Hagen ; « Rats », un rare titre en français, inspiré par le film La Souris ;
« Back. Now », un affrontement avec un hippie qui ne veut pas lui rendre son
feu ; « Roddy Pee-buddy », l’histoire d’un ami imaginaire résultant
d’hallucinations, Roddy étant un clin d’oeil à Rod Stewart, autre idole de
Mélodie, preuve de son bon goût.
Le tout lyrique, sauvage, déconneur et épique. Pipi Tornado, quoi.
Stan Cuesta